17 décembre 2011

Réflexions sur Saturne et Vénus en Réception Mutuelle (Nov-Déc 2011)

Ni dieu ni maître - Louis Auguste Blanqui  (1805-1881) (Vénus en Capricorne/Saturne-Uranus en Balance. Sol Verseau, As Scorpion)


Saturne, maître du Capricorne, transite le signe de la Balance depuis Septembre 2009, et Vénus, dont le domicile est en Balance, est entrée en Capricorne le 26 Novembre 2011. En termes astrologiques, les planètes sont en réception mutuelle. C'est une configuration qui possède une certaine force même lorsque les deux corps ne s'aspectent pas mutuellement. ♄ est une planète lente, dont l'impact est par conséquent profond sur les plans individuel et collectif. Le transit d'un signe par une lente constitue très souvent sur ces deux plans un changement de paradigme sensible dans un processus évolutif. En outre il existe entre ces significateurs des affinités particulières que les astrologues nomment dignités : On dit ainsi que ♄ est exalté dans le signe de la ♎. Ces astres en signes possèdent une valeur archétypale très riche qu'on ne saurait naturellement épuiser par l'analyse, mais on pourrait résumer par exemple la configuration ainsi : ♄ et le ♑ symbolisent les normes établies, les traditions. ♀ et la ♎ symbolisent les rapports affectifs, la vie sociale. Par conséquent cette réception mutuelle se révèlera particulièrement agissante (signes cardinaux), de façon généralement positive, dans tous les domaines régissant les rapports sociaux. La justice et les lois, bien sûr (♎),  mais ce n'est encore qu'une piste parmi d'autres. Revenons sur cette conjoncture plus en détail. 

Ingression de Vénus en Capricorne,  26 Nov 2011, 14:40 TU










 
Dans l’idéal, sur un plan personnel, cette configuration aura permis la consolidation des affinités réelles et profondes et la relativisation des relations superficielles, parfois de façon très réfléchie, systématique et tranchée, par le transit de en et la rétrogradation mercurienne ; le renforcement des responsabilités au sein de la collectivité comme le besoin de définir des règles dans le jeu des rapports, ou de les rappeler. On désire prendre le temps de s’impliquer dans une relation qu’on souhaite durable, persévérer, s’attacher à des valeurs sociales, y-compris morales, plus solides. Avec ☿ ℞ il peut y avoir un besoin de recueillement et de maturation affectifs, une prise de distance qui pourrait d'ailleurs passer pour de la froideur, une forme de repli sur des valeurs plus proches de soi, un dépouillement des faux-semblants qui peut conduire au bout du compte à un engagement plus ferme dans une relation, ou à l’inverse au choix délibéré de la solitude. Attention à ce propos au carré / à 0°, degré de puissante impulsivité et d’explosivité qui préside à l’ingression, et qui peut faire littéralement voler en éclats les liens affectifs d’une façon aussi soudaine qu’irrationnelle en apparence (21-28 nov). 
 
Sur un plan général la longue station uranienne et le carré vénusien de l’ingression jouent ici aussi malheureusement leur rôle, mettant l’accent notamment sur l’abus des valeurs sociales et de l’autorité morale. Ou vice-versa.

La condamnation en justice de l’ancien Président de la République Française Jacques Chirac pour détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d’intérêts en est un exemple à la fois inédit et frappant. La reconnaissance par l’Eglise Néerlandaise de sa responsabilité morale et juridique dans 20 000 affaires de pédophilie impliquant des prêtres en est un autre.

Mais la situation est plus complexe, elle relève d’une prise de conscience d’ordre socioculturel. 
   
La culture n’est rien d’autre que la création de liens psychoaffectifs. L’esprit humain crée des liens en permanence, relations logiques et para-logiques,  affectives et morales. Certains liens sont si  anciens qu’ils forment à proprement parler une structure psychologique supra individuelle et interindividuelle. A l’inverse, d’autres s’alimentent du besoin d’appartenance sociale jusqu’à l’absurde, comme dans le langage de la presse populaire qui est finalement celui de l’opinion publique. 

Nous souviendrons-nous plutôt de
Nouveau !  la tempête Joachim (1) 

ou de la puissance de l’Elément traditionnellement redoutable en Décembre sous nos latitudes [arch.] ?

Cet exemple (assez lamentable, j’en conviens, pour ne rien dire du procédé) voulait montrer que ce qu'il faut entendre par culture  est à proprement parler la psychologie collective même – non pas la « psychologie de masse » qui fait et défait l’opinion générale en un concours incessant de superficialités fugitives à consommer machinalement, mais la psychologie radicale d’une humanité intemporelle que la "postmodernité" ne s’emploie qu'à masquer dans sa quête béante (et apparemment lucrative) d'un sommeil sans rêves.
Il est possible de penser en effet que la tentative de déconstruction des schémas de pensée hérités (lesquels sont la culture même de l’espèce, sa psychologie et son vitalisme) que semble sous-tendre cette "postmodernité", peut n'être rien, en fin de compte, que le prétexte, l'avant-garde cynique d’un ultra-individualisme à venir, avec un risque : celui de la destruction des garde-fous sociaux, héritage sans prix constitutifs des états-peuples-nations modernes (libertés civiles, démocratie, égalité des droits… dont parfois les esprits gagnent à être affectés)... Ou bien sert d’autres intérêts que ceux des individus mêmes (car la psychologie véritable est celle des individus), en les exilant de leur fond culturel (2).

 Dans tous les cas elle nuit également, il me semble, à l’intérêt général, et ce malgré un apparent et paradoxal tissage de liens associatifs souvent trop absurde et dérisoire pour être autre chose qu’un, disons stratagème, mercantile.
 
 C’est que cette configuration de réception mutuelle s’oppose, dans toute sa pureté archétypale, à la fois à "la culture des masses" et à "l'élitisme intellectuel" que je viens de décrire sommairement. Les valeurs vénusiennes en sont les relations profondes, ancrées. en insiste sur la solidité des liens éprouvée par les âges et usages. Et iI semblerait que les hommes soient sur le point de se soumettre à des valeurs beaucoup plus capricieuses et fluctuantes, qui voudraient leur imposer en sus des règles d’austérité (//♅) ?

 La crise que nous traversons serait déjà suffisamment aigüe et douloureuse en elle-même sans devoir y ajouter : 
  • Des hyper réactions (♈, notamment dans sa phase de rétrogradation) réelles (immédiateté, urgence, difficulté à prendre un recul capricornien nécessaire pour dominer et coordonner des sentiments multiples et contradictoires) à une situation en grande partie chimérique () entretenue affectivement (la réception mutuelle implique l’information en tant que droit – et devoir - civique mais aussi l’information au sens littéral et étymologique de « donnant forme » aux opinions, d'abord, aux habitudes de comportements ensuite : le fond psychoaffectif de toute information est vénusien). Pour preuve, on invoque déjà la "conjoncture" (3) comme on devait s’y attendre, alors que la cause première de l’enchaînement des déboires financiers mondiaux depuis 2007 (Opposition /) n’est qu’un problème de structure bien plus ancien qu’on se refuse à considérer franchement, et uniquement cela.
  • Et des habitudes fâcheuses : Seuls des appétits particuliers irrationnels et déréglés (♅) peuvent trouver dans des structures (lorsqu’elles existent) totalement obsolètes (♄) un profit occasionnel et très relatif. Laisser faire n'a jamais rajeuni un système corrompu. Et le laisser aller néo-libéral n’est, en toute logique, ni de la culture ni de l'éducation. En acceptant la soumission de l’esprit des nations (c’est-à-dire de leur constitution même : est le Contrat Social, l’engagement et la responsabilité morale) à des « règles budgétaires » quand les financiers qui les exigent n’obéissent eux-mêmes à aucune déontologie, fait-on autre chose qu’assister à une acculturation massive programmée, une mutation sociale pour le pire ? (-/ longtemps stationnaire à 0°)
Nous en sommes là, et les manifestations d’indignation mondiales survenues sous apparaissent comme des réactions particulièrement  saines et légitimes lorsque les outrances uraniennes viennent choquer le sens du devoir de . Pour être libres, il suffit parfois de faire silence et de s'écouter, soi.(4)

 
D’ailleurs en s’en emparant et en les transformant systématiquement en biens immédiatement consommables, la « culture de masse » a largement contribué à user les liens affectifs générationnels (ce qui conduit à un complet contre-sens, vraiment typique d’une fin de cycle Neptunien). Peut-être d’ailleurs à son insu aura-t-elle contribué à l’émergence de nouveaux rapports intergénérationnels, mais il est  de toute évidence beaucoup trop tôt pour le dire.

quittera le pour le le 20 Décembre vers 19h00 (TU), formant un sextile avec Uranus (Maître du Verseau) qui relâche les tensions sociales pour un temps. Attention à ne pas les transférer sur le plan individuel, en particulier à la nouvelle Lune du 24… Transformez-les plutôt en inventivité et en originalité. Ou revoyez pour le plaisir Le Président, de Henri Verneuil – Ça rend lyrique et impitoyable. Comme ♀-♅.    

(1)      ... qui apparemment a « surpris tout le monde » récemment, comme la neige (Denise ?) l’hiver dernier, les inondations (Josette ?) il y a deux ans… du reste, sans polémiquer vainement plus avant, pourquoi pas Raymond la vague, le caillou Robert, ou l’huissier Moya ? Gagnons du temps… On ne saurait être à ce point en manque d'objets et de partage d'affection, et d'ailleurs nul ne se permettrait de la diriger à notre place, si ? ♑ nous rappelle à un sens des valeurs plus mesuré, plus distinctif et réfléchi, ce qui inclut nos habitudes de consommation..

(2)     La culture du déracinement de l'imaginaire n'a finalement pour effet que le déracinement de la culture: C'est l'oubli des structures de l'imaginaire (cultivé dans l'incitation à l'ignorance) qui, en fin de compte conduit à sa répétition indéfinie et indéfiniment déformée en un perpétuel rêve éveillé, ou plutôt en une mise en abîme insensée, ce "culte hyperbolique de la mystification" auquel faisait référence Gilbert Durand. Quoi qu'on en dise les penseurs modernes sont bien d'avantage les penseurs de la modernité que des déconstructeurs de facto du passé, car on ne peut véritablement penser la modernité qu'en prenant du recul par rapport à elle (c'est-à-dire somme toute en la tenant littéralement en respect), et ceci (diamétralement) à l'inverse de la tradition que l'on ne saurait véritablement appréhender que de l'intérieur. La déconstruction systématique du travail de nos prédécesseurs procède d'un principe simplement analytique auquel se heurte en permanence l'impossibilité d'atteindre ni à l'empathie, ni à l'objectivité : On s'indigne ou on se gausse des sociétés qui ont précédé la notre pour toutes sortes de "raisons", mais la raison principale en est bien souvent (pour ne pas dire la plupart du temps) qu'elles ne sont pas la nôtre - ce qui devrait suffire en général à suspecter raisonnablement les raison évoquées... Sans être nécessairement passéiste il ne faut rien méconnaitre de ce que la notion de tabula rasa peut recéler en fait de supercherie appliquée à l'humain sans entendement. Les principes de l'astrologie généthliaque elle-même ne sauraient s'exercer sur une terre vierge, mais bien sur un terreau culturel préexistant qu'elle ne fait que confirmer.

(3) L'opinion assimile déjà la plupart des maux réels et imaginaires aux "conséquences de la crise"...   

            (4Certains n'en ont jamais fini avec eux-mêmes, les autres semblent n'avoir rien à se dire. Adam Smith qui était un moraliste chrétien avant d'être un économiste avait postulé que le développement de la conscience de soi, prise au sens de jugement, passait nécessairement par l'intervention d'un "spectateur idéal et impartial", dieu ou maître dont l'homme attend en permanence les approbations ou réprobations pour justifier sa conduite morale. Toutefois, il concluait que c'est l'ignorance des règles de justice qui pousse certains individus à s'enrichir aux dépens des autres. Il n'y a guère chez Smith comme chez ses disciples que la "théorie de la main invisible", le recours à la providence divine, pour tenter d'expliquer comment la seule poursuite des intérêts particuliers, c'est-à-dire la seule libération généralisée de l'instinct de domination, peut conduire à la réalisation de l'intérêt général. "Apprendre, rétorque Élisée Reclus, c'est au contraire la vertu par excellence pour l'individu libre se dégageant de toute autorité divine ou humaine; il repousse également ceux qui, au nom d'une "Raison suprême" s'arrogent le droit de parler pour autrui et ceux qui, de par la volonté de l’État, imposent des lois, une prétendue morale extérieure codifiée et définitive". N'est libre pour ce dernier que l’individu qui a forgé par une éducation personnelle ses propres principes éclairés par la raison. Il ne s'agit ni plus ni moins, au bout du compte, que de la question de la perfectibilité humaine en laquelle Smith, lui, ne croyait pas sans une intervention providentielle supérieure et "régulatrice", dieu ou le législateur (considéré ou non d'ailleurs comme exempt de cet instinct de domination). Or le résultat de la modernité fut un basculement radical dans le processus d'élaboration des consciences individuelles qui, partant de la verticalité (de la prière, par exemple), aboutit à l'horizontalité du rapport intersubjectif, de la confrontation ou du dialogue permanents, intériorisés ou extériorisés, avec autrui. Un des problèmes d'une telle subjectivité selon E.Forgues est le suivant : Parce qu'elle nécessite le mode biographique, donc ne mobilise que le langage suivant le postulat structuraliste que ce dernier épuiserait la conscience, elle tend à réduire le psychisme, la symbolique, à de simples signes, ce qui, entre autres mécanismes, a conduit à considérablement appauvrir l'univers intérieur de l'Homme (Cf Gilbert Durand), et abouti à l'impasse psychologique : Ex Nihilo, Nihil. C'est la raison pour laquelle Forgues insiste sur la nécessité de "saisir la spécificité de l'activité auto-réflexive médiatisée par des symboles qui puise à des ressources de sens indépendantes des structures linguistiques" (Vers un tournant symbolique post-structuraliste en sciences sociales, Montréal, 2000). 

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